On trouve un nombre considérable de standards jazz parmi les chansons de Noël les plus connues. Santa Claus Is Coming To Town, Promenade en traîneau, Let It Snow, L’enfant au tambour… Comment le jazz a-t-il pris une place si importante dans le répertoire des Fêtes?
« Les musiciens jazz ont toujours repris les chansons et les airs populaires en les adaptant à leur façon. Les chants de Noël n’ont pas fait exception », affirme Martin Desjardins, chargé d’enseignement en histoire du jazz à l’Université Laval.
Pour lui, le lien existe déjà à la fin de XIXe siècle, alors que les États-Unis accueillent des immigrants de partout sur la planète et que les différentes traditions des Fêtes se mélangent. À la même époque, des musiciens de la Nouvelle-Orléans commencent à allonger des pièces en improvisant et à s’échanger du répertoire. Les éléments précurseurs du jazz apparaissent donc au moment même où le « melting-pot » américain voit naître une culture de Noël.
Dans les années 1920, c’est au tour des Big Bands de reprendre à la sauce swing les classiques de Noël. Les orchestrations que ces orchestres jazz font de Silent Night, God Rest You Merry Gentlemen ou O Come All Ye Faithful remettent au goût du jour ces chants datant de plusieurs siècles.
Les grands succès qu’on entend encore aujourd’hui à chaque mois de décembre ont cependant pour la plupart été écrits dans les années 1940 et 1950. « Les crooners et les grandes chanteuses de l’époque se font écrire des chansons spécifiquement pour en faire des hits des Fêtes », explique Martin Desjardins. Et ça fonctionne! Bing Crosby chante White Christmas, Nat King Cole enregistre The Christmas Song, Judy Garland nous offer Have Yourself a Merry Little Christmas… La très grande popularité de ces chanteurs font de ces chansons des numéros un instantanés et leurs albums, qui rassemblent les airs traditionnels et leurs nouveaux tubes, se retrouvent dans tous les foyers de l’Occident.
Ces nouvelles chansons ont un point commun : la religion en est pratiquement exclue. On y fait davantage référence à l’hiver, aux cadeaux ou à des légendes plus modernes comme le Père Noël ou Rudolph, le petit renne au nez rouge. « L’objectif était de plaire au plus grand nombre, donc c’est certain que ça a une influence sur la façon dont les compositeurs ont traité le sujet », soutient M. Desjardins.
Lentement mais sûrement, c’est tout l’imaginaire collectif entourant Noël qui s’est éloigné du christianisme. C’est le vieil homme barbu en costume rouge – qui n’avait déjà plus grand-chose de Saint-Nicolas – qui en est devenu l’icône. Noël est devenu une fête universelle… et commerciale.
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