Pianiste, organiste, compositeur, homme de lettres, astronome, grand voyageur, Camille Saint-Saëns est un compositeur des plus fascinants. Sa parfaite maîtrise des formes, de l’écriture instrumentale et de l’orchestration, son éclectisme et son inspiration sans borne en font un maillon essentiel de l’histoire de la musique française. Son Concerto no 2 en sol mineur est composé en seulement 17 jours au printemps de 1868, à la demande du grand pianiste Anton Rubinstein qui souhaitait faire ses débuts comme chef d’orchestre à Paris. L’œuvre est donnée en première exécution avec le compositeur au piano le 13 mai de la même année et obtient un succès mitigé, bien qu’elle enthousiasme Franz Liszt, présent ce soir-là. Elle devient néanmoins rapidement une des compositions les plus jouées et les plus populaires du compositeur de Samson et Dalila.
Le premier mouvement Andante sostenuto s’ouvre sur une cadence majestueuse qui évoque les grands préludes pour orgue de Bach, rappelant que Saint-Saëns, suprême virtuose du piano, était également salué comme « le premier organiste du monde » (Liszt). Après un bref tutti orchestral, le piano énonce un thème lyrique que Saint-Saëns aurait emprunté à une œuvre d’un jeune élève très prometteur, un certain Gabriel Fauré. Le mouvement se développe en divers épisodes virtuoses, où alternent des passages scintillants et d’autres plus héroïques, incluant une cadence très développée.
Marqué Allegro scherzando, le second mouvement brille par son esprit et son énergie pétillante que l’on pourrait presque associer à certaines musiques de ballet. Après une brève introduction de timbales, le piano s’élance, aérien, rivalisant de traits étincelants et d’arpèges ruisselants typiques de l’écriture pianistique du compositeur. Un deuxième thème, plus lyrique et chaleureux, conserve néanmoins le caractère dansant de ce mouvement empreint de légèreté.
C’est par un final vif et marqué que ce concerto se conclut, une tarentelle brillante où Saint-Saëns semble multiplier à plaisir les acrobaties pianistiques. Au milieu du mouvement, un choral s’élève de l’orchestre alors que le piano l’accompagne de trilles énergiques, avant que la danse ne reprenne de plus belle, menant le concerto à une conclusion tourbillonnante et pleine de fougue.