Winter Idyll

Holst

1874 – 1934

Le nationalisme imprègne souvent la musique classique occidentale, particulièrement depuis le 19e siècle. À cette époque, chaque pays de l’Europe tentait de se démarquer des autres culturellement plutôt que d’adopter un style relativement uniforme, comme c’était le cas auparavant.

La carrière des compositeurs est influencée par ce sentiment de différentes manières. Certains l’incarnent dans leur écriture délibérément tandis que d’autres sont qualifiés de nationalistes par le public et la critique. Pour certains d’entre eux, les conflits nationalistes et politiques qui règnent dans leur pays les placent devant des choix déchirants. Doivent-ils affirmer leur sentiment nationaliste? Le cacher? Le feindre? 

En Angleterre, Gustav Holst (1874-1934) fait partie des compositeurs qui ont fièrement représenté la culture nationale. Intéressé par les mélodies folkloriques de son pays, il les a intégrées dans ses compositions et a été érigé au rang de compositeur nationaliste. Rendu célèbre par sa suite des Planètes (1918), Holst est aujourd’hui connu pour un grand catalogue d’œuvres pour orchestre symphonique et pour orchestre à vents. Né dans une famille d’artistes mais incapable de jouer du piano en raison d’une névrite dans la main droite, il a plutôt appris le trombone à un jeune âge. C’est peut-être ce qui explique la présence accrue des cuivres dans ses compositions. 

Holst s’adonne à la composition dès l’adolescence en raison de son incapacité physique à parfaire sa technique instrumentale. Il intègre en 1893 le Royal College of Music de Londres, où il rencontre son grand ami et futur célèbre compositeur Vaughan Williams, qui participera lui aussi au renouveau de la musique folklorique anglaise. Lors de ses années d’étude, Holst est particulièrement passionné par l’écriture narrative de Wagner et par son traitement de la mythologie nordique dans ses opéras. On peut percevoir cette influence dans A Winter Idyll (1897), qui fait partie de ses œuvres de jeunesse. Cette œuvre est en quelque sorte un poème symphonique. Bien qu’aucun texte descriptif ne l’accompagne, son titre nous indique le paysage censé être imaginé : celui d’un amour déployé dans un décor pastoral.  

L’œuvre débute par un motif de trois croches jouées à l’unisson rappelant la Symphonie no 5 de Beethoven (le fameux Pa-pa-pa-pam), puis une mélodie sautillante jouée au hautbois se décuple à tout l’orchestre. Le socle rythmique cérémonieux des cuivres et presque chorégraphique, tandis que les descentes en doubles-croches rapides des violons font imaginer un mouvement venteux perpétuel qui rappelle le blizzard de l’hiver. Au milieu de la pièce, le changement de tonalité du majeur au mineur* et les coups de cymbales laissent croire à une chute narrative, mais le retour du thème joyeux du début montre que le paysage s’éclaircit à nouveau. Nostalgique d’une orchestration mêlant Wagner, Mendelssohn et Beethoven, A Winter Idyll annonce le succès musical de Holst qui saura réunir écriture romantique, mélodies folkloriques et imaginaire collectif au cours de sa carrière.