Symphonie nᵒ 4
Tchaïkovski
1840 – 1893
Dédiée de façon anonyme à sa mécène et amie Nadejda von Meck, cette symphonie de Tchaïkovski fait la fierté du compositeur. « Jamais une œuvre ne m’a demandé autant de travail, mais je n’ai jamais ressenti autant d’amour pour une de mes créations », écrit-il à von Meck. Cet enthousiasme est plutôt inhabituel pour Tchaïkovski, généralement morose et insatisfait, et explique probablement son ardeur à défendre sa symphonie.
Après sa création en 1878, l’oeuvre essuie de nombreuses critiques pour son aspect programmatique, c’est-à-dire sa référence à un texte ou une image extérieure, le destin. Tchaïkovski rétorque : « Je ne vois pas pourquoi vous considérez qu’il s’agit d’un défaut. Au contraire, je serais navré que des symphonies qui ne veulent rien dire naissent de ma plume. » Il ajoute que son œuvre s’inspire de la « Symphonie du Destin » de Beethoven dans son idée de base, pas dans son contenu.
Cette « idée de base » est expliquée dans une lettre à von Meck. La fanfare stridente du premier mouvement représente le destin qui pèse sur les humains telle une épée de Damoclès. Son motif de croches accentuées fait référence à celui que Beethoven utilise pour représenter le destin, son fameux Pa-pa-pa-pam. Ce thème oblitère toute forme de joie, illustrée dans le mouvement sous la forme d’une valse. Le deuxième mouvement exprime la mélancolie ressentie à la fin d’une journée de travail épuisante, tandis que le troisième représente l’imagination floue qui se déploie lorsque l’on commence une bouteille de vin. Finalement, le quatrième mouvement apparaît comme une surprise explosive. Le thème du premier mouvement refait surface, tel le destin qui ne peut être évité, mais il est cette fois accompagné d’une joie débordante et inarrêtable. Le bonheur est donc possible, une fois qu’on accepte son destin.
Émilie Lesage