Concerto pour violon nᵒ 2

Prokofiev

1891 – 1953

Sontsivka est un village ukrainien de quelques centaines d’habitants, situé à environ 130 kilomètres au nord de Marioupol et à 70 kilomètres à l’ouest de Donetsk dans la région du Dombass. Jusqu’à très récemment, dans ce village, on pouvait encore visiter le Musée Sergueï Prokofiev, car c’est là qu’il naquit le 23 avril 1891. Son père, Sergueï Alexeïevitch Prokofiev, y était agronome et venait de Moscou. Sa mère, la pianiste Maria Zhitkova, était issue d’une famille de la région très versée dans les arts de la scène. C’est elle qui entama l’éducation musicale du petit Sergueï.

En 1904, à 12 ans, le fort précoce Prokofiev fut admis au Conservatoire de Saint-Pétersbourg où il devint l’élève de Nikolaï Rimski-Korsakov. Son talent était prodigieux : à quatorze ans, il avait déjà écrit quatre opéras, une symphonie et des sonates. Avec le temps, il s’est forgé un style robuste, à la fois âpre et généreusement lyrique. Ses sept symphonies, ses 10 concertos et œuvres concertantes, ses 13 opéras, ses mélodies et ses neuf ballets en font une sorte de continuateur moderne de Tchaïkovski.

En 1918, fuyant la Révolution russe, Prokofiev s’est établi en Occident où il demeura jusqu’en 1936, d’abord aux États-Unis, puis à Paris. Lors de nombreuses tournées à travers le monde, il a remporté des succès éclatants tant comme compositeur que comme pianiste. Parmi ses triomphes les plus retentissants, notons ses quatre premières symphonies, ses cinq concertos pour piano et ses deux concertos pour violon. En 1936, fort de ces succès, il décide de retourner s’installer en URSS avec l’espoir que sa renommée internationale lui garantisse sécurité et tranquillité d’esprit. Mal lui en pris! Promu malgré lui compositeur officiel du régime, il sera étroitement surveillé par les redoutables instances staliniennes. Dès 1938, il se vit interdire de sortir du pays! Prokofiev mourra le 5 mars 1953, environ 50 minutes avant Staline!

Prokofiev a composé son Concerto pour violon no 2 en 1935. Durant la même période, il poursuivait l’écriture de son ballet Roméo et Juliette (op. 64). Cela explique la grande parenté d’expression de ces deux œuvres magistrales où les passages de bravoure alternent avec des envolées lyriques bien senties. Le concerto est dédié au violoniste français Robert Soetens (1897-1997), que Prokofiev tenait en haute estime depuis qu’il l’avait entendu lors de la création de sa Sonate pour deux violons (op. 56).

© Claudio Ricignuolo