À l’exception de Berlioz, la France du XIXe siècle compte bien peu de symphonistes, comme si elle craignait de se mesurer aux maîtres du genre que sont à l’époque les Allemands. Une rareté que comblent toutefois hardiment et de belle façon les trois Symphonies de Louise Farrenc. Celle-ci, née Dumont à Paris en 1804 dans une famille d’artistes, étudie d’abord le piano avec Hummel et Moscheles, puis, inscrite au Conservatoire, devient l’élève d’Anton Reicha. En 1821, elle épouse Aristide Farrenc, flûtiste, éditeur et historiographe musical, qui toute sa vie défendra ardemment sa musique. La compositrice termine sa Première Symphonie en do mineur en 1841, un an avant d’être nommée professeure au Conservatoire.
L’œuvre est créée à Bruxelles deux ans plus tard et ne sera entendue à Paris qu’en 1845, les deux fois avec succès. Suivant de près la structure établie par les classiques viennois, elle débute par un Andante sostenuto qui installe un climat mystérieux aux cordes graves, auxquelles répondent la clarinette, puis les autres vents. Sa tension dramatique se communique à l’Allegro qui s’enchaîne, allégée par quelques passages plus sereins. Suit un Adagio cantabile au geste large, dont l’allant évoque une promenade dans un beau paysage. Le Minuetto et son Trio, bien campés, restent d’esprit très classique, avant que le tourbillonnant Finale ne retrouve l’intensité dramatique initiale.