Les Variations Enigma op.36, Nimrod, d’Edward Elgar
Ma rencontre avec cette œuvre…
J’ai découvert cette œuvre vers l’âge de 14 ou 15 ans, alors que j’étudiais au Conservatoire de musique de Hull (maintenant de Gatineau), région d’où je suis originaire. Je l’avais étudiée dans mon cours de littérature musicale, et j’en étais tombée follement amoureuse. Il arrivait parfois que je doive attendre mon gentil papa pour qu’il vienne me chercher après mes cours de musique, et si par hasard j’avais un peu trop de temps devant moi, je me rendais à la musicothèque du Conservatoire prendre de l’avance dans mes devoirs d’école en écoutant de la musique qui me faisait du bien et m’aidait à me concentrer. J’avais quelques petites sélections préférées que j’aimais écouter, et en particulier le mouvement intitulé « Nimrod » de la suite des Variations Enigma d’Elgar. J’ai de très beaux souvenirs à me replonger dans cette période très heureuse de ma vie.
Mon passage préféré : J’aimerais plus précisément m’attarder à la 9e des 14 variations présentées dans l’œuvre : « Nimrod », probablement le thème le plus connu de cette œuvre. Il semblerait que les Variations Enigma soient basées sur un thème caché, ce qu’Elgar, le compositeur, n’aurait jamais voulu confirmer officiellement. Ce mouvement est joué parfois lors de cérémonies funéraires, mais je trouve personnellement que cette œuvre est porteuse d’un grand message d’espoir et de paix.
« Nimrod » est, d’après moi, l’une des plus belles mélodies qui existe. Nous avons eu la chance de l’interpréter plusieurs fois en 2017 lors de notre tournée européenne avec notre chef Yannick Nézet-Séguin. J’étais émue à ce moment de la redécouvrir, et de prendre conscience que je réalisais maintenant le rêve de la jouer professionnellement avec des musiciens en or sous la baguette d’un chef que j’adore. Ce qui est aussi incroyable avec la musique, c’est qu’elle nous fait revivre des souvenirs très précis liés à certaines périodes de nos vies.
Écoutez…
En fait, j’adore tout le mouvement, et il est à mon avis trop court! Il est rempli de douceur, de force et d’intensité, bref toutes les émotions y passent à l’écoute de cette musique. La structure est assez simple, mais combien efficace! Le thème principal est répété trois fois, presque quatre, organisé dans un énorme crescendo qui commence doucement pour terminer très fort. La première fois, intime et douce, n’implique que la section complète des cordes. Ensuite, les vents se joignent aux cordes pour un deuxième rappel du thème en jouant des notes soutenues. L’harmonie s’intensifie, et déjà le frisson d’extase se prépare.
Écoutez cet enregistrement de l’OM
Le solo du hautbois et de la flûte est porteur d’espoir et amène une petite accalmie avant de continuer le crescendo général de tout l’orchestre. Vous entendrez mon moment préféré lorsque l’orchestre au complet émet le thème pour une troisième fois, en nuance, fort et bien senti! C’est le moment quand mon cœur veut littéralement sortir de ma poitrine, et seule la grande musique peut nous faire vivre une intensité aussi forte! À quelques secondes de la fin, les cuivres se font entendre noblement dans toute leur splendeur dans un court rappel du thème pour une quatrième fois, cette fois incomplète. Le mouvement se termine sous une note d’une grande douceur et sur un accord majeur rempli d’espoir. En ces temps plus difficiles que nous vivons en ce moment, cette musique m’apporte bien du réconfort.