The Wreckers
Ethel SMYTH
1858-1944
« Les poétesses ne meurent pas, elles nous hantent.» Orlando n’est plus, et pourtant, elle est toujours là, traversant les âges. Tout comme Virginia Woolf, qui manque à Vita. Elle est un phare, une étoile brillant dans la nuit. Sa voix porte celles des femmes qu’elle a contribué à libérer, qui n’ont pas réussi à échapper à leur état, qui ont hurlé et continuent de le faire.
Comme Orlando rejoint à ce moment Virginia Woolf, le voyage musical de ce concert atteint lui aussi le début du XXe siècle avec une œuvre d’Ethel Smyth. Cette compositrice anglaise – qui a eu une relation avec Virginia Woolf – a bouleversé les mœurs. Ouvertement queer, elle fumait le cigare, s’habillait en complet de tweed et faisait du vélo, une activité alors interdite aux femmes respectables. L’ouverture de son opéra The Wreckers évoque à la fois les vagues se brisant sur les récifs de la côte et l violence de la religion qui gouverne la vie des villageois dans l’opéra. Dans cette histoire, tous les habitants d’un village, convaincus par un pasteur du bien-fondé de leurs actions, se mettent à couler et piller des navires. Lorsqu’un jeune couple se met à prévenir les équipages pour les sauver, les villageois les pourchassent, les enferment et les condamnent à mort. Ce récit n’est pas sans rappeler l’ostracisation dont sont victimes encore aujourd’hui les membres des communautés LGBTQ+ ainsi que les arguments religieux avancés par certains pour justifier leur haine envers elles.
Andréanne Moreau