Symphonie gaélique

Amy Beach

1867 – 1944

Dans le langage musical d’Amy Beach, ce sont les traces de l’exil de ses parents et de son peuple de l’Irlande aux États-Unis qu’on retrouve. Pianiste de grand talent, elle joue à 18 ans un concerto de Chopin avec l’Orchestre symphonique de Boston – l’un des plus prestigieux orchestres américains. Ce n’est qu’après son mariage la même année, en 1885, avec le chirurgien et grand mélomane Henry Beach, qu’elle se consacre davantage à la composition, encouragée par son époux. Le succès ne se fait pas attendre. En 1892, la Haendel & Haydn Society et l’Orchestre symphonique de Boston jouent sa Messe en mi bémol majeur. Quatre ans plus tard, le même orchestre crée sa fameuse « Symphonie gaélique », faisant d’elle la première Américaine à composer, publier et faire performer une symphonie.Cette symphonie est en grande partie une réplique à Antonin Dvořák. Dans son Quatuor à cordes « Américain » et sa Symphonie du Nouveau Monde, le compositeur tente d’établir un style musical proprement américain en s’inspirant de mélodie africaines-américaines et des Premières Nations. Pour Amy Beach, les habitants du Nord des États-Unis seraient plus susceptibles d’être influencés par les airs folkloriques Anglais, Écossais et Irlandais hérités de leurs ancêtres. Elle entreprend alors d’écrire une symphonie en s’inspirant de quatre pièces irlandaises traditionnelles. Le premier mouvement tire ses thèmes principaux de Dark is the Night, pièce celtique qui raconte les turbulences d’un voyage en mer et se conclut par une gigue irlandaise. Le deuxième mouvement, encore plus dansant, met le hautbois à l’honneur avec un solo lyrique et enlevant. À propos du troisième mouvement, plus doux en termes de masse sonore, Amy Beach écrit qu’il représente les complaintes, les romances et les rêves du peuple irlandais. Finalement, le quatrième mouvement concerne le peuple celtique, son quotidien, ses passions et ses batailles. Amy Beach, malgré les obstacles qui empêchaient les femmes de faire carrière en musique à l’époque, est parvenue à faire publier environ 150 œuvres et à laisser sa trace dans l’histoire du nationalisme musical aux États-Unis.