Symphonie nᵒ 5

Beethoven

1770 – 1827

En 1806, Beethoven entreprend de front deux grandes symphonies qui seront élaborées et achevées en même temps. Si différentes soient-elles, on peut les considérer comme porteuses de messages complémentaires, comme les deux volets d’une œuvre unique et grandiose. L’une nous montre l’Homme face à son Destin. Dans l’autre, la Pastorale, l’Homme est le spectateur humble et émerveillé de la Nature. Les deux œuvres ont été créées à Vienne en 1808, lors d’un même concert. À cette occasion, le programme imputait à la Pastorale le numéro cinq tandis que la symphonie « du destin » portait le numéro six. Ce n’est qu’à leur publication, en 1809, que les symphonies nos 5 et 6 reçurent leurs numéros définitifs.

La Symphonie nᵒ 5 est certainement la plus célèbre de Beethoven : en effet, qui n’en connaît pas au moins le début avec son motif dit « du Destin » (sol-sol-sol-mi bémol)? Ces quatre notes fatidiques ont servi d’indicatif radiophonique en France durant l’occupation allemande. En effet, le nombre cinq en chiffres romains évoquait pour les Alliés le V de la Victoire, et, qui plus est, en code morse, la lettre V est représentée par trois points suivis d’un trait, soit le même rythme que celui des quatre fameuses notes! La 5e de Beethoven est devenue ainsi le symbole de la Résistance. Or, cette œuvre poignante nous plonge précisément dans le combat désespéré de l’Homme face à un Destin terrible et implacable.

Après une lutte désespérée, l’Homme est terrassé par l’acharnement du Destin (1er mouvement). Puis, il reprend ses forces (2e mouvement) et retourne au combat (3e mouvement) qui se termine en apothéose par la Victoire définitive de l’Homme sur le Destin (4e mouvement; notons que les deux derniers mouvements sont enchaînés). Ainsi le monde libre allait-il triompher de la menace nazie.

Cette œuvre est la plus courte des « grandes » symphonies : grande, elle l’est par sa teneur plutôt que par sa durée.

© Claudio Ricignuolo