Ouverture de concert pour orchestre en ré majeur
Elfrida Andrée
1841 – 1929
« L’orchestre, tel est mon objectif ! » – Elfrida Andrée
Née dans l’île de Gotland en 1841, Elfrida Andrée figure en première place parmi les activistes qui militèrent en Suède, son pays natal, pour l’égalité entre hommes et femmes. Après son premier apprentissage auprès de l’organiste de son village, elle s’inscrit à l’Académie royale de musique de Stockholm, où elle fréquente Frans Berwald, le plus important compositeur suédois de son siècle. À seize ans, elle obtient un diplôme d’organiste professionnelle et elle n’aura de cesse d’exiger du clergé, avec le soutien de son père, de pouvoir exercer son art dans une église. Obtenant un changement de la loi, elle devient organiste notamment de l’église française réformée, puis, en 1867, directrice musicale et organiste de la cathédrale de Göteborg, postes qu’elle occupera jusqu’à sa mort, première femme en Europe à remplir ces types de fonction.
Ses activités touchent à toutes les sphères de l’art musical, y compris l’enseignement et l’organisation de concerts. Elle laisse une centaine d’œuvres dans tous les genres, première femme à composer dans son pays musique de chambre et morceaux symphoniques que, non sans réprobation, elle dirige elle-même! Son style orchestral, qu’elle perfectionne à Copenhague en 1870 auprès de Niels Gade, montre son admiration pour Mendelssohn et s’inscrit dans la mouvance de l’école romantique allemande et le respect des formes traditionnelles. Y règnent équilibre, justes proportions et « discrète sentimentalité » (Jean-Luc Caron), dans des mélodies « claires et franches ». Composée en 1873 – elle la révisera plus tard –, son Ouverture de concert, en deux sections enchaînées lent-vif, montre de belles couleurs dans le maniement des vents et dégage une atmosphère toute de sérénité.
© François Filiatrault 2022