Messe en si mineur
J.S. Bach
1685 – 1750
Johann Sebastian Bach fut le plus illustre représentant de la dynastie la plus féconde de l’histoire de la musique : en effet, on y dénombre non moins de 50 musiciens professionnels entre l’ancêtre Johannes, né en 1555, et son descendant Wilhelm Friedrich Ernst, petit-fils de Johann Sebastian, qui meurt en 1845, soit trois siècles plus tard!
Bach a composé un grand nombre de chefs-d’œuvre impérissables dans pratiquement tous les genres de son temps, musique instrumentale comme vocale, à l’exception de l’opéra. Son écriture représente l’aboutissement du baroque musical dans son ensemble et constitue une synthèse des styles italien, allemand, français et anglais. C’était un homme profondément religieux, aussi la musique sacrée constitue-t-elle le cœur de son corpus de plus de mille œuvres.
En 1723, Bach est nommé cantor à l’église luthérienne de Saint-Thomas de Leipzig, poste qu’il occupera jusqu’à la fin de sa vie. C’est dans ce cadre qu’il écrit la plus grande partie de ses œuvres de musique sacrée.
Après quelque 200 cantates et les sublimes chefs-d’œuvre que sont le Magnificat, la Passion selon saint Mathieu, la Passion selon saint Jean et l’Oratorio de Noël, la Messe en si mineur se révèle un aboutissement absolu. En effet, celle-ci constitue le véritable testament spirituel de Bach, sorte de pendant religieux à L’Art de la fugue de la même époque.
La Messe en si mineur représente une somme où, d’un numéro à l’autre, se succèdent les diverses techniques de composition que Bach maîtrisait si bien : arias et duos de type opératique, polyphonie chorale de stile antico sans basse continue comme à la Renaissance, complexité contrapuntique, traitement varié des chœurs – à quatre, cinq, six ou huit voix – variété aussi dans l’utilisation des instruments incluant de magnifiques solos de violon, de cor, de flûte, de hautbois d’amour, etc. De sorte qu’on ne s’ennuie pas une seconde dans cette messe qui dure près de deux heures. Sans oublier le plus essentiel : la richesse et l’intensité des sentiments que cette musique inspire!
Bach a élaboré sa Messe au cours des trois dernières années de sa vie, en rassemblant des pages qu’il avait composées pour d’autres occasions selon l’usage de la parodie dans l’ancien sens du terme, une pratique fort répandue à l’époque baroque, qui consiste à reprendre des pages existantes pour les intégrer dans de nouvelles œuvres. Ainsi on retrouve dans la Messe en si mineur de la musique que Bach avait composée entre 1714 et 1733. Il la retouche, la magnifie à divers degrés selon les contextes. Certaines pages, mais pas la majorité, ont été nouvellement composés pour l’occasion, entre 1747 et 1749. Somme toute, malgré la variété des techniques d’écriture déployées et celle des origines des morceaux, Bach a su miraculeusement préserver un fort sentiment d’unité.
© Claudio Ricignuolo 2022