La Moldau
Bedřich Smetana
1824-1884
Considéré comme le père de la musique tchèque, Bedřich Smetana naît à Litomyšl en Bohême. Cette région, couvrant en grande partie le territoire de l’actuelle République tchèque, était depuis le XVIe siècle sous la domination de l’empire austro-hongrois. Il n’est pas étonnant que le jeune compositeur, comme bon nombre de ses contemporains, ait subi de fortes influences germaniques, notamment celles de Schumann, de Liszt et de Wagner, dont il était un fervent admirateur. Néanmoins, Smetana est marqué par les courants nationalistes qui traversent son pays. Il est le premier compositeur à intégrer des éléments de folklore tchèque dans sa musique et même à utiliser la langue tchèque dans ses ouvrages lyriques d’inspiration historique. Ces derniers, au nombre de huit, comprennent entre autres Les Brandebourgeois en Bohême et La Fiancée vendue, son opéra le plus connu. En plus d’œuvres pour piano et de musique de chambre, Smetana est surtout connu pour ses poèmes symphoniques à thématique patriotique, dont Má Vlast (« Ma Patrie »), vaste cycle en six parties chantant les mythes fondateurs de sa Bohême natale.
La partie la plus connue de ce cycle, La Moldau (« Vltava » en tchèque), s’inspire du parcours de la rivière éponyme, important affluent de l’Elbe. L’œuvre est composée en trois semaines en 1874 et donnée en première exécution le 4 avril 1875. Les différents tableaux qui la composent évoquent tour à tour les sources de la rivière (illustrées par l’accompagnement orchestral qui introduit le célèbre thème), les forêts et les paysages qui bordent son parcours, une noce paysanne, la ronde des sirènes au clair de lune, les ruines de vieux châteaux, les rapides, puis l’arrivée majestueuse à Prague à la forteresse de Vyšehrad.
© François Zeitouni, 2025