Don Juan

Strauss

1864 – 1949

Berceau de la Renaissance et du Baroque, l'Italie exerce depuis toujours fascination et charme. Pendant des siècles, musiciens, écrivains, peintres, sculpteurs et architectes de toute l'Europe ont convergé vers cette péninsule pour s'imprégner de sa culture, de son histoire, de ses paysages et de son art de vivre. 

Avec la découverte des ruines de Pompéi et d’Herculanum et le regain d’intérêt général pour les vestiges de l’Antiquité, l’Italie devient un arrêt obligatoire du Grand Tour, ce long voyage européen qu’entreprennent les jeunes hommes (et quelques rares jeunes femmes) issus de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie afin de parfaire leur éducation. Plusieurs personnalités littéraires s’y rendent : Goethe, Lord Byron, Nietzsche… Du côté des musiciens, Mendelssohn, issu d’un milieu aussi riche que cultivé, entreprend le périple en 1830 et passe dix mois en Italie. Berlioz, Gounod et Debussy, tous trois lauréats du célèbre Grand Prix de Rome, séjournent à la Villa Médicis. Franz Liszt, grand voyageur et mystique, passe quant à lui les dernières années de sa vie à Rome, à l’ombre du Vatican.   

Richard Strauss (1864-1949) n’est ni aristocrate, ni richissime bourgeois, mais on peut dire que plusieurs bonnes fées se sont penchées sur son berceau à sa naissance. Fils de Franz Strauss – corniste réputé de l’Orchestre de la cour de Bavière et de l’orchestre du Festival de Bayreuth, où il joue sous la direction de Wagner lui-même – le jeune Richard démontre dès l’enfance des dons prodigieux. Élevé dans le culte de Haydn, Mozart, Schubert et Brahms, ce n’est que plus tard qu’il subit l’influence de Liszt et de Wagner. Sa voie est tracée: ce sera celle du poème symphonique et de l’opéra. Disciple du grand Hans von Bülow, il deviendra aussi un chef d’orchestre de premier plan.   

Strauss raconte dans ses souvenirs que c’est son père qui lui offre en 1886 son premier voyage en Italie. Les arrêts : Vérone, Bologne, Rome, Naples et Florence. De ce voyage naît Aus Italien (D’Italie), son premier essai dans le genre du poème symphonique, dont il assure lui-même la création à Munich, le 2 mars 1887. Partant du principe que les nouvelles idées doivent trouver de nouvelles formes, à l’instar des œuvres symphoniques de Liszt, c’est dans cette veine qu’il élabore la sienne. Cette première œuvre dans cette nouvelle forme reste proche du moule de la symphonie classique, mais elle annonce les chefs-d’œuvre futurs tels que Don Quichotte et Ainsi parlait Zarathoustra 

« Les autres composent, moi je fais l’Histoire de la musique! » -Richard Strauss