Mamachimowin

Andrew Balfour

1967

La relation que les personnes issues des Premières nations entretiennent avec la religion catholique peut être extrêmement ambigüe. Si le clergé a multiplié les efforts pendant des siècles pour les convertir et a dirigé des pensionnats qui avaient pour mission d’éliminer la culture autochtone, le catholicisme est encore aujourd’hui adopté et pratiqué par plusieurs.   C’est ce paradoxe que le compositeur d’origine crie Andrew Balfour souhaitait mettre en lumière dans son œuvre Mamachiwochin (L’art de chanter des louanges), dans laquelle la spiritualité autochtone rencontre la culture catholique.   Celui qui est également chef de chœur était bien placé pour mettre en musique cette dichotomie. Séparé de ses parents biologiques à l’âge de six mois, il a été élevé dans une famille aimante, mélomane, et, son père étant pasteur anglican, il a vite intégré un chœur d’enfants et découvert la musique liturgique de la Renaissance.  Sa redécouverte de ses racines autochtones et son amour pour la musique catholique évoluent ici en parallèle. Alors que le chœur chante le Psaume 67, traduit en langue crie, les cordes représentent une fondation solide, un sol stable, la Terre Mère.  Dès le début de l’œuvre, les choristes murmurent les paroles du psaume de façon aléatoire, rappelant une communauté en prière et créant une atmosphère à la fois intime et imprégnée d’incertitude.  Les cordes installent une grande stabilité avec un motif répété sur une pédale de basse soutenue. Des incantations du chœur s’y ajoutent, avec des entrées légèrement décalées à chacune des voix qui donnent l’impression d’un message qui se transmet.   Après un deuxième segment murmuré, des paroles en anglais, « O Praise God », font leur apparition dans une section qui n’est pas sans rappeler les cantiques de Thomas Tallis, compositeur anglais de la Renaissance dont la musique est centrale dans le répertoire choral. Puis, vers la fin, les chuchotements reprennent et s’estompent jusqu’au silence.