Concerto pour violoncelle nᵒ 1

Haydn

1732 – 1809

Pied de nez à Staline 

Le Concerto pour violoncelle no 1 de Dimitri Chostakovitch est composé en 1959 et créé le 4 octobre de la même année par Mstislav Rostropovitch, dédicataire de l’œuvre, et l’Orchestre philharmonique de Leningrad dirigé par le légendaire Evgueni Mravinski. Considéré comme une des œuvres les plus difficiles du maître russe, il compte quatre mouvements, dont les 2e, 3e et 4e sont enchaînés.  

 

Tenant lieu de prologue, le premier mouvement fait entendre un motif de quatre notes qui dérive, selon le solfège allemand, des initiales du compositeur, D.S.C.H. (ré, mi bémol, do, si). Ce motif reviendra à divers moments tout au long de l’œuvre, contribuant à son unification. Le ton est énergique et, malgré une apparente légèreté, non exempt d’un certain humour noir propre à ce créateur. Empreint d’un caractère élégiaque, le mouvement lent commence par une introduction aux cordes avant que le violoncelle ne développe une mélodie nostalgique à laquelle répond la clarinette. Une lente montée dramatique au cours de laquelle l’harmonie devient de plus en plus dissonante* mène à un sommet d’une grande intensité. Le soliste reprend par la suite le thème principal, joué en harmoniques, qui dialogue discrètement avec le célesta sur un murmure orchestral.  

 

S’enchaînant à ce poignant intermède, la cadence prolonge le sentiment de tristesse par ses couleurs sombres et son lyrisme. Le compositeur y fait alterner jeu d’archet et pizzicati*, voire les deux simultanément. La cadence s’anime peu à peu alors que l’orchestre se joint au soliste pour s’élancer dans le final. Ce dernier, marqué Allegro con moto, est énergique et marqué, prenant presque l’allure d’une danse frénétique. Le motif d’ouverture y est présenté continuellement, en valeurs longues et brèves. Au milieu de cette danse retentit une version déformée de la chanson géorgienne Saliko, que Joseph Staline affectionnait particulièrement. On peut y voir un pied de nez du compositeur au régime du « Père des peuples », dont il eut à souffrir toute sa vie.