Concerto pour violon

Halvorsen

1864 – 1935

En matière de musique classique, la Norvège peut compter sur deux joyaux nationaux : Edvard Grieg et Johan Halvorsen. Avant de faire ses armes comme compositeur, ce dernier a d’abord connu une brillante carrière de violoniste. Il a parcouru l’Europe, de la Russie à l’Écosse, en passant par l’Allemagne, la Suède, la Belgique… Il s’est ainsi bâti une belle réputation avant de revenir dans son pays natal et d’occuper le poste de chef d’orchestre au Nouveau Théâtre national de Kristiana, nom anciennement donné à la ville d’Oslo.   Sans surprise, Halvorsen avait un penchant naturel pour son instrument de prédilection. Créé le 14 août 1909, soit une quinzaine d’années avant sa toute première symphonie, le Concerto pour violon, opus 28, est un rare exemple du style symphonique d’Halvorsen datant de sa période de « jeunesse ». (Halvorsen n’est plus tout jeune, puisqu’il a alors 45 ans, mais on peut tout de même qualifier son concerto d’œuvre de jeunesse puisqu’il ne composait que depuis quelques années.)    L’opus 28 est d’autant plus rare qu’il n’a été exécuté qu’à quatre reprises dans l’histoire. La violoniste canadienne Kathleen Parlow en a été l’interprète, d’abord à La Haye et Utrecht (Pays-Bas), puis avec le Philharmonique de Berlin et à Oslo, en 1909. Cette création officielle en territoire norvégien, sous la direction du compositeur, suscite des réactions unanimement positives du public, mais l’accueil des critiques néerlandais est plus sévère. Ils reprochent notamment à Halvorsen d’avoir fait fi des usages en composant un premier mouvement dénué de forme sonate – structure en trois parties comportant une exposition du thème, un développement et une réexposition.   Lorsque Halvorsen se retire de la scène en 1929, à l’âge de 65 ans, il ordonne que plusieurs de ses manuscrits soient brûlés, y compris son concerto pour violon. On l’a donc cru perdu pendant des décennies, jusqu’à ce qu’il refasse miraculeusement surface de l’autre côté de l’Atlantique, dans les archives de l’Université de Toronto. On a toutes les raisons de croire que Mme Parlow a emporté une copie de la partition à son retour au Canada et l’a conservée en secret, outrepassant la volonté d’Halvorsen. Résultat : l’opus 28 a finalement pu être recréé en 2016 par un violoniste norvégien, Henning Kraggerud, plus de 100 ans après sa dernière audition.   Bien que la partition de soliste originale soit demeurée introuvable, une lettre de Halvorsen, datée du 12 novembre 1908, donne de précieuses indications sur le concerto en tant que tel.  

©Justin Bernard