Concerto pour violon et orchestre

Nielsen

1865 – 1931

Né au Danemark dans une famille d’artisans pauvres, Carl Nielsen réussit, grâce à des amis, à s’inscrire à dix-neuf ans au Conservatoire royal de Copenhague, avant d’obtenir trois ans plus tard une bourse d’études qui le mènera en Allemagne, en France et en Italie. Il fit par la suite une carrière de violoniste puis de chef d’orchestre au Théâtre royal de Copenhague et à la Société musicale, en plus d’enseigner au Conservatoire. Touchant à tous les genres, il laisse, écrit François-René Tranchefort, « une oeuvre parfaitement originale, en vive réaction au postromantisme allemand dont le Danemark subissait alors l’influence ».

À côté de ses six symphonies, « qui portent toute la violence, l’agressivité même d’un “message” », Nielsen laisse pour l’orchestre trois concertos, pour violon, pour flûte et pour clarinette, « en comparaison, des oeuvres sages dans lesquelles les oppositions se résolvent toujours dans l’unanimité du discours ». La structure, inhabituelle, du Concerto pour violon, dédié à son gendre, le violoniste hongrois Emil Telmányi, consiste en deux diptyques, chacun formé d’une introduction lente suivie d’un mouvement rapide.

Mais « si Nielsen donne à son Concerto des proportions d’une certaine ampleur, les vastes et héroïques desseins de Brahms ou de Dvořák ne l’intéressent pas », constate Andrew Clements. Il laisse en effet au soliste toute la place et le fait accompagner par un orchestre plutôt discret, sans aucune suggestion de lutte ou de tension. De son propre aveu, Nielsen le voulait accessible, radieux, mais sans superficialité.

Le Præludium qui ouvre le premier diptyque passe de sol mineur à ré majeur, tonalité principale de l’oeuvre. Calme, méditatif et comme improvisé, il déroule ses figurations violonistiques un peu à la manière de Bach. L’Allegro cavalleresco qui s’enchaîne est annoncé par un tutti orchestral et épouse la forme sonate. Plus loin, le violon développe une longue cadence, avant la conclusion sur un più presto en sol majeur. Le second diptyque s’amorce sur un Poco adagio en mineur introduit par le hautbois sur le motif B-A-C-H (si bémol-ladosi), repris tout du long mais sur d’autres degrés. Le thème qui suit, confié d’abord aux violoncelles, débouche sur une atmosphère de mystère. Enfin, l’Allegretto scherzando, avec son allure populaire faussement candide, est un rondo plein de vie et teinté d’humour, où le soliste joue de virtuosité.

© François Filiatrault