Chant du ménestrel

Alexandre GLAZOUNOV

1865-1936

Dans la maison familiale des Glazounov, la musique est très présente et le jeune Alexandre fait rapidement montre de talents remarquables. Il commence à composer dès l’âge de 11 ans et rencontre trois ans plus tard les grands maîtres Balakirev et Rimski-Korsakov. Ce dernier devient son professeur et s’émerveille des capacités de son jeune élève : « Son évolution musicale s’effectuait non pas de jour en jour, mais littéralement d’heure en heure. » En 1899, Glazounov intègre le corps professoral du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, avant de devenir directeur de l’établissement en 1905, malgré le tumulte qui règne en Russie à cette époque. La main de fer avec laquelle Staline contrôle la vie culturelle de son pays dans les années 1920 convainc toutefois le compositeur de s’exiler, à l’instar de plusieurs autres artistes. Il s’installe à Vienne en 1928, puis à Paris en 1932 où il vivra ses dernières années. 

Le Chant du ménestrel, op. 71, est une courte pièce écrite en 1900, alors que la réputation de Glazounov n’est plus à faire, lui qui a déjà six symphonies à son actif. Elle est dédiée au violoncelliste Alexander Wierzbilowicz, « soliste de Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies » (c’est-à-dire le tsar Nicolas II). L’œuvre est paisible, d’une grande délicatesse et est traversée par une mélodie dolce e appassionato (jouée avec douceur et passion). Glazounov exploite les qualités lyriques du violoncelle dans cette pièce qui porte toutes les couleurs du Romantisme, malgré l’évocation des musiciens du Moyen  Âge dont s’inspire le titre.  

Bien que le nom d’Alexandre Glazounov ne soit pas passé à la postérité avec la même fougue que certains de ses compatriotes, le compositeur demeure l’une des personnalités les plus importantes de l’histoire de la musique russe. S’il ne figure pas fréquemment aux programmes des concerts, il le doit notamment à sa loyauté – que certains jugèrent obstinée – envers le Romantisme. En effet, si Glazounov a rapidement été loué par la communauté artistique de la fin du XIXe siècle qui voyait en lui le successeur de Tchaïkovski, il fut par la suite pointé du doigt pour son hermétisme face aux apports de la modernité.