Créée en 1902, soit un an après le concerto de Rachmaninov, la deuxième symphonie de Sibelius a vite été associée aux aspirations indépendantistes de la Finlande, alors un grand-duché soumis à l’autorité de la Russie. Il faut dire qu’il vient tout juste de présenter son célèbre poème symphonique Finlandia à l’exposition universelle de 1900 et est donc fortement lié au mouvement nationaliste, qui prend des forces dans un contexte de répression de la culture finlandaise par la police tsariste.
Si de nombreuses œuvres de Sibelius lancent un message patriotique clair, on ignore si c’était son intention première lorsqu’il a composé cette deuxième symphonie. Écrite peu après la mort de sa fille Kirsti, atteinte du typhus, il en a dit qu’elle était « une confession de l’âme ». L’oeuvre a donc possiblement un propos plus personnel. Reste que, comme toute la musique de Sibelius, elle nous plonge dès les premières notes dans les vastes paysages de la Finlande.
Si Sibelius est parvenu à compléter cette symphonie, c’est en partie grâce à l’aide et aux encouragements d’une personne de confiance : le baron Axel Carpelan. Ce dernier croit fermement en l’avenir du compositeur finlandais et au pouvoir de sa musique. Lui-même sans argent, il vante donc secrètement les mérites de Sibelius auprès d’un mécène qu’il convainc de financer un voyage en Italie, pays où tout compositeur allait parfaire sa formation et trouver l’inspiration. Sibelius y entame l’écriture de sa Symphonie no 2, qu’il achèvera à son retour en Finlande et dédiera à son fidèle bienfaiteur, le baron Carpelan.
Dans le premier mouvement, la répétition de notes brèves et amples, dans un élan ascendant, donne l’effet d’une expansion orchestrale. Elle constitue la base d’un thème qui sera développé au fil de l’œuvre.
Le deuxième mouvement commence à pas feutrés, par un pizzicato des violoncelles, sur lequel un thème mélancolique se fait entendre aux bassons. La musique prend peu à peu une tournure dramatique. Elle crée un sentiment tantôt d’urgence, tantôt de gravité, notamment par le fracas des cuivres et des timbales.
Le troisième mouvement est quant à lui tendu et rapide, avec une section centrale plus douce incorporant un solo lyrique au hautbois. Il mène au quatrième mouvement sans interruption, dans une expansion orchestrale qui n’est pas sans rappeler le style symphonique de Tchaïkovski.
C’est l’aboutissement du thème ascendant qui, rappelons-le, n’était qu’à l’état embryonnaire dans le premier mouvement. L’intensité redescend un instant, faisant entendre au passage une série de fragments mélodiques déjà entendus, et remonte progressivement pour atteindre d’autres sommets de passion. Sibelius crée ainsi des vagues de musique successives jusqu’au finale grandiose de la symphonie.