En 1919, au moment où il publie une deuxième suite pour orchestre de L’Oiseau de feu, Stravinsky s’est déjà imposé comme un spécialiste de la musique de scène. Présentée à l’origine en 1910 par les Ballets russes de Serge Diaghilev à Paris, l’œuvre lui inspire trois suites pour orchestre, différentes tant par leur contenu que par leur durée. Cette version de 1919 réduit la partition à 4 paires de bois pour correspondre à la taille standard d’un orchestre.
L’Oiseau de feu raconte l’histoire du prince Ivan Tsarévitch qui, au terme d’une longue quête, réussit à s’emparer de la créature mythique aux plumes étincelantes comme les flammes. Celle-ci accepte, en échange de sa liberté, de venir en aide au héros pour délivrer les treize princesses captives du sorcier Kastcheï l’Immortel.
Si Stravinsky est aussi imprégné de ce conte issu du folklore russe, c’est en partie en raison de son attachement à son maître, Rimski-Korsakov, qui avait lui aussi un fort attrait pour la littérature folklorique de son pays et à qui il dédie l’œuvre originale.
L’introduction est marquée par un motif fait de demi-tons et joué pizzicato* par les altos, violoncelles et contrebasses. Ce motif menaçant, à l’image d’Ivan caché dans les buissons, préfigure le chromatisme* du thème associé à la danse de l’oiseau, quelques instants avant sa capture, joué en premier par la flûte et le piccolo.
Le mouvement suivant, la Ronde des princesses, est caractérisé par une mélodie chantante, très raffinée, et une série de motifs symbolisant la grâce des jeunes femmes. Tout oppose ce mouvement au suivant, La Danse infernale du roi Kastcheï, non seulement en termes de volume, de rythme, mais aussi d’instrumentation. C’est au tour des cuivres et des percussions de prendre toute la place avec leur son éclatant.
La Berceuse suggère quant à elle l’impression de rêve suspendu. Elle renvoie à l’épisode où Ivan, sur le point d’être changé en pierre par le sorcier, est miraculeusement sauvé par l’Oiseau, qui parvient à plonger Kastcheï et ses hommes dans un profond sommeil.
Le final dissipe tous les dangers par un premier solo de cor mélodieux. Cet ultime mouvement est comme une ode à la liberté retrouvée et à l’amour qui unira désormais Ivan et l’une des princesses, Vassilissa-la-très-belle, en tant que tsar et tsarine.