Gloria

Francis Poulenc

1899 – 1963

Francis Poulenc a une relation bien différente de celle de Lili Boulanger avec la religion. Né à Paris en 1899 d’un père directeur de compagnie pharmaceutique et d’une mère issue d’une famille d’artisans, il associe sa foi catholique à ses racines paternelles et sa personnalité artistique à ses racines maternelles. Le profane et le religieux coexistent dans son œuvre. Le musicologue Claude Rostand résume ainsi cette dualité : « chez Poulenc, il y a quelque chose du moine et quelque chose du voyou ».    

Dans les années 1930, il écrit sa Messe en sol majeur pour chœur mixte a cappella, puis, pour répondre à une commande, en isole le Gloria, comme l’ont fait jadis d’autres compositeurs comme Claudio Monteverdi, Marc-Antoine Charpentier et Felix Mendelssohn. C’est ainsi que naît son Gloria, créé en 1961 à Boston.  

Genre de symphonie chorale en six mouvements pour soprano, chœur et orchestre, le Gloria de Poulenc fait scandale lors de la première en France. Les mouvements sont divisés selon six paragraphes de longueur variée qui, rassemblés, forment le texte original de l’ordinaire de la messe. D’un mouvement à l’autre, la musique sautille entre légèreté et gravité de façon joueuse : les instruments à vent sifflent des trilles et des mélodies pointées derrière le texte chanté, les harmonies sont étranges et ambiguës, le dernier « Amen » de l’œuvre est chuchoté, le deuxième mouvement rappelle le rythme des danses populaires… Poulenc écrit d’ailleurs : « La deuxième partie a fait scandale. Je me demande pourquoi : j’ai pensé simplement, en l’écrivant, à ces fresques de Gozzoli où les anges tirent la langue et aussi à ces graves bénédictins que j’ai vus un jour jouer au football ». Voilà qui nous éclaire sur le ton presque enfantin de cette œuvre censée être sérieuse.