Symphonie n° 1

Ludwig Van BEETHOVEN

1770-1827

Contrairement à Mozart ou Schubert, qui composent leurs premières symphonies respectivement à l’âge de 9 et de 16 ans, Beethoven attend la trentaine pour s’attaquer au genre. Il est pourtant loin d’être novice en matière de composition lorsqu’il aborde sa toute première symphonie, en 1799. Son corpus comporte déjà plusieurs œuvres, presque toutes pour piano ou musique de chambre. 

 Pour son entrée dans le monde symphonique, Beethoven fait preuve d’une certaine prudence, se posant en héritier de Haydn et de Mozart. Il faut dire que ces derniers avaient mené la symphonie classique viennoise à son apogée avec des opus étourdissants : 104 symphonies pour Haydn, 41 pour Mozart.  

Bien qu’il adopte le schéma extérieur de la symphonie classique, Beethoven ajoute déjà son imprimatur à cette première symphonie. La critique musicale a d’ailleurs été choquée lors de la première, en 1802, qualifiant l’œuvre « d’explosion désordonnée ». On a notamment reproché à Beethoven le trop grand usage des instruments à vent, une orchestration se rapprochant davantage de la musique militaire que de la musique orchestrale, à l’époque. 

 Avec cette première incursion dans le monde symphonique, Beethoven met sagement la table pour l’extraordinaire banquet à venir, constitué de ses neuf symphonies. 

Comme tous les premiers mouvements de ses symphonies de Beethoven, l’Allegro con brio de forme sonate* est précédé d’une brève introduction Adagio molto, dans le style des dernières symphonies de Haydn. La forme sonate est employée de nouveau dans le second mouvement en trois temps, Andante cantabile con moto. Beethoven fait un usage original des timbales qui fera plus tard dire au compositeur Hector Berlioz qu’il s’agit du « prélude des effets saisissants que Beethoven a produit plus tard à l’aide de cet instrument. »  

Dans le troisième mouvement, Beethoven rompt avec la tradition et remplace le noble menuet par ce qui deviendra sa marque de commerce, un scherzo*. Le compositeur conserve le terme menuetto dans la partition, mais il s’agit bel et bien d’un scherzo qui porte déjà l’empreinte du compositeur, reconnu pour sa fougue et ses imposants crescendos. Après une lente introduction Adagio, l’Allegro molto et vivace s’élance dans un joyeux tourbillon de notes piquées et de successions de gammes montantes qui fusent de partout et qui amènent la symphonie à une conclusion éclatante.