Concerto pour piano n° 24

Wolfgang Amadeus MOZART

1756-1791

Le Concerto no 24, K. 491* de Wolfgang Amadeus Mozart compte parmi les plus complexes écrits par le compositeur, tant par sa structure que par la richesse de son orchestration. Il est également l’un de ses plus remarquables et émouvants.

Bien que Mozart compose à la même époque son opéra Les noces de Figaro et son Concerto pour piano no 23, c’est l’esprit de la Grande Messe en ut et de Don Giovanni qui hante ce nouvel opus. Achevé le 24 mars 1786, il est donné au Burgtheater de Vienne (voir l’encadré) en avril de la même année, avec le compositeur comme soliste et chef.

Marqué Allegro, le premier mouvement est entièrement imprégné du caractère sombre et dramatique de la tonalité d’ut mineur. Après une exposition formelle des thèmes, le piano fait son entrée avec une toute nouvelle idée, très expressive, avant d’entamer un dialogue assez serré et parfois orageux avec l’orchestre. L’influence qu’a pu avoir l’œuvre sur Beethoven, notamment sur son Concerto pour piano no 3, écrit dans la même tonalité, est évidente.

Le Larghetto qui suit se présente comme une conversation entre le piano et l’orchestre sous la forme d’un rondo (refrain et couplets). Le piano expose d’abord une mélodie toute simple en deux parties, qui est ensuite reprise par l’orchestre. Un premier couplet en mineur inverse les rôles : l’orchestre expose un thème que le piano reprend en l’ornementant. Après une courte apparition du refrain, une deuxième idée est exposée par les vents de l’orchestre et commentée par le piano et les cordes, avant que tous s’unissent pour conclure le mouvement avec grâce.

C’est par des variations que se conclut ce concerto, une forme rarement employée dans ce genre d’œuvre. Le thème, à l’allure de marche, est énoncé par l’orchestre seul. Avec une grande inventivité, le piano commence par l’ornementer, puis se fait de plus en plus volubile. Deux variations offrent un magnifique et chaleureux dialogue entre le piano et les instruments à vent, dont Mozart maîtrisait l’écriture à la perfection. L’intensité augmente au fur et à mesure que se prépare la cadence du piano. Le mouvement se termine par une variation plus agitée, aux élans chromatiques, qui ne laisse planer aucun doute sur la conclusion dramatique de l’œuvre.

 

* « Nous ne pourrons jamais écrire rien de tel! » — Beethoven à propos du Concerto no 24 de Mozart

François Zeitouni