Ballade pour orchestre en la mineur

Samuel Coleridge-Taylor

1875 – 1912

« Je ne veux être rien d’autre au monde que ce que je suis : un musicien. » – Samuel Coleridge-Taylor

En avril 1898, après avoir reçu du Three Choirs Festival la commande d’une œuvre orchestrale, Edward Elgar répondit : « Je suis désolé de ne pas avoir de temps… Mais j’espère, j’espère de tout cœur que vous ferez appel à Coleridge-Taylor. Il est de très loin le plus doué des jeunes compositeurs et il attend à juste titre cette marque de considération. » Ce qui occasionnera la composition par le jeune homme de sa Ballade pour orchestre en la mineur.

Né en 1875 d’un père originaire de la Sierra Leone venu à Londres étudier la médecine et d’une mère britannique, Samuel Coleridge-Taylor montre très tôt ses dons musicaux. Après un premier apprentissage du piano et du violon, il poursuit au Royal College of Music de Londres, où il étudie la composition auprès de Charles Villiers Stanford. Dès 1895, il est appelé à diriger divers orchestres de la capitale et d’alentour, et il enseignera bientôt au Trinity College et à la Guildhall School of Music. Sa notoriété de compositeur s’affirme avec sa Ballade pour orchestre et sa grande cantate Hiawatha’s Wedding Feast, premier volet de la trilogie The Song of Hiawatha, qui remportera un immense succès dans tous les pays anglo-saxons.

Mais il fait face au racisme de l’époque : on lui refuse à certains endroits, notamment, la direction de ses propres œuvres… Coleridge-Taylor prend très tôt fait et cause pour les droits des Afro-Britanniques et des Afro-Américains, qui l’accueillent en héros lors de ses séjours aux États-Unis. En 1904, il est invité par une société chorale portant son nom, qui regroupe plus de deux cents voix d’Afro-descendants, et le président Theodore Roosevelt le reçoit à la Maison-Blanche. Peu après deux autres tournées américaines, il succombe à une pneumonie en 1912 à l’âge de 37 ans.

Coleridge-Taylor laisse une œuvre abondante et dans tous les genres. Partout, « ce musicien très admirateur de Dvořák possède un souffle spontané soutenu par une invention tout en subtilité et par un lyrisme souple et naturel » (Henry de Rouville). Dans une orchestration très colorée, sa Ballade pour orchestre s’ouvre sur un motif énergique et intrigant, qui reviendra, dans diverses combinaisons sonores, unifier le flot mélodique, avant de conclure le tout après un épisode d’un beau lyrisme. Comme quoi, Coleridge-Taylor mérite qu’on lui réserve une place de choix parmi les maîtres britanniques de son temps.

© François Filiatrault 2022