Barcarola

Paola Prestini

J’étudiais encore à l’École Juilliard, à New York, quand j’ai composé le morceau symphonique intitulé Barcarola. Il ne fut pas à l’époque créé de façon « professionnelle », mais on a pu l’entendre au Alice Tully Hall joué par l’orchestre de l’École. Je l’ai revu en profondeur pour sa véritable création, ici ce soir, et je le dédie à la cheffe Speranza Scappucci, une amie de longue date, Italienne elle aussi, avec qui j’ai fréquenté Juilliard.

D’une durée d’environ quinze minutes, l’oeuvre se déploie comme une vague, dans le balancement rythmique de la forme vénitienne de la barcarole. Elle tire son inspiration du poème Barcarole, de Pablo Neruda, qui compare le désir à l’océan et ses tempêtes. Le poème fait entendre les bruits du vent et de la corne de brume comme celui du coeur qui bat, et l’impression en est spectrale et sensuelle. Le poème joue sur des glissements structurels, puis, arrivé au plus haut sommet du désir, il se conclut sur un simple battement de coeur.

Je suis vraiment ravie que l’Orchestre Métropolitain donne la première audition professionnelle de Barcarola – dont la partition sera éditée par la même occasion. Mes compositions doivent beaucoup à l’univers de la poésie, et celle-ci ne fait pas exception. Elle évoque les chants d’une mer en furie, débordant de vents, de corne de brume et de coeurs battants. La sensibilité particulière de l’Orchestre Métropolitain convient tout à fait à cette oeuvre qui, écrite durant mes années de formation, demeure très chère à mon coeur.

© Paola Prestini
Traduction par François Filiatrault