Symphonie nᵒ 7 en ré mineur

Dvořák

1841 – 1904

Dans la première moitié du XIXe siècle, le langage musical européen est dominé par les influences germanique pour la musique instrumentale et italienne en ce qui concerne l’opéra. À partir du milieu du siècle, un certain nombre d’« écoles nationales », comme on les appelle couramment, commencent à s’épanouir de pair avec le réveil des nationalismes. L’école russe avec Glinka (1804-1857), l’école tchèque avec Smetana (1824-1884), l’école anglaise avec Elgar (1857-1934) et l’école espagnole avec Albéniz (1860-1909) font entendre des voix nouvelles. Ces compositeurs chantent leurs pays en s’inspirant des tournures mélodiques et rythmiques traditionnelles ou, dans certains cas, en citant des mélodies folkloriques authentiques au sein de leurs œuvres. Par ailleurs, ils composent des thèmes expressifs propres à faire vibrer la fibre patriotique avec ferveur et nostalgie. Plusieurs de leurs partitions évoquent des paysages et des légendes nationales.

Digne héritier de Smetana, Antonín Dvořák fut le plus illustre représentant de l’école nationale tchèque, y occupant une place comparable à celle de Tchaïkovski au sein de l’école russe. Sa musique est généralement parsemée de rythmes de danses tchèques et plus généralement slaves, ainsi que de chants empreints de nostalgie. Il a composé dans presque tous les genres musicaux de son temps, laissant entre autres une dizaine d’opéras, de la musique de chambre, des œuvres chorales, des mélodies, des poèmes symphoniques, des danses et des rhapsodies d’inspiration folklorique ainsi que neuf symphonies.

Parmi ces dernières, la plus célèbre est certainement la Symphonie no 9, du Nouveau Monde. Son immense popularité est si écrasante qu’elle a malheureusement relégué dans l’ombre celles qui la précèdent. Les symphonies nos 7 et 8 figurent tout de même assez régulièrement au programme des concerts de par le monde, et leur qualité musicale n’est certainement pas moindre que celle de l’illustre Neuvième. La chaleureuse Symphonie no 8 baigne dans une atmosphère pastorale et lyrique, tandis que la Symphonie no 7 se démarque avant tout par son souffle puissant et son caractère indomptable.

La Septième de Dvořák suit le modèle classique en quatre mouvements établi par Haydn, mais sa charge émotive la rapproche plutôt de l’esprit d’un poème symphonique narrant quelque légende épique, et ce, dès les premières mesures. Le deuxième thème du premier mouvement trahit toute l’admiration que Dvořák portait à Brahms, son mentor et défenseur. Le Poco adagio qui suit est sans doute l’un des plus hauts sommets de l’art du compositeur. Le troisième mouvement évoque quelque danse slave, avec son rythme caractéristique de furiant tchèque. Toute la tension accumulée dans les trois premiers mouvements crée une attente qui sera parfaitement comblée dans un finale savoureux et puissant, tout en épisodes contrastés. Composée en quatre mois, la Septième de Dvořák a connu un formidable succès dès sa création en 1885.

© Claudio Ricignuolo 2022